Il pleut sans discontinuer depuis quelques
jours. La veille il a même neigé sur les hauteurs. Il fait froid, le vent
souffle très fort, sommes nous en janvier au nord de l’écosse ? Non,
fin avril dans les Cévennes.
La société Camino™ spécialisée dans l’organisation de
Raids VTT offrait un week-end de raids et d’enduro autour du causse Méjean et
du Mont Aigoual (trois départements
couverts : 12, 30 et 48).
Deux
types d’épreuves : La première est un raid où sont proposées deux
distances : un gros 60 km et un petit 50km. En même temps et sur certaines
portions communes, 6 descentes ont été sélectionnées pour les enduristes. Une
série de navettes (Land-rover et
Volswagen-Transporters armés de remorques) montent les pilotes aux sommets
de ces portions et ce tout au long de la journée. On monte un versant,
descend l’autre, remonte sur un autre,
etc … Le repas du midi se prend à un endroit stratégique où sur un laps de
temps de 2heures tout le monde (raiders et enduristes) se regroupe pour
se re-séparer dans l’après midi. Une autre originalité est la présence de
marque comme Sunn, Trek et Giant. Ils prêtent des vélos neuf tout suspendus (modèles enduro et trails) pour les pilotes désireux d’essayer les
nouveaux modèles. Et ce n’est pas un petit tour, qu’ils effectueront, c’est
l’épreuve complète ! Chapeau les marques. Une cinquantaine de bécanes sont
ainsi disponibles. Le centre névralgique est un hameau (Aiguebonne) constitué de gîtes qui accueille tous les coureurs pour
le week-end. Le milieu dans lequel je vais évoluer est celui de VTT à
suspensions démesurées, pilotes à l’équipement de moto-cross. Du gros, du
lourd. Pas tout à fais mon milieu de prédilection (cross-country). Vais-je m’en sortir ? Pour l’occasion, j’ai
pris mon nouvel Xh pour sa première sortie. J’avais déjà fait un petit enduro (Vauvert) mais avec une machine plus
légère (Footbike-Trail). Celle-ci est
un peu plus costaud.
Place
à l’action :
Vu
les conditions climatiques et l’heure de départ ce n’est pas du tout
raisonnable de me lancer sur le Raid. J’opte au dernier moment pour la version
Enduro.
Première
descente : A peine descendu de sa
remorque, ma Trottinette à la roue avant totalement à plat. Mauvaise augure.
Vite, un coup de bombe et on verra si ça tient. On commence la première demi heure
par une côte à pousser (certains
cyclistes aussi) car trop de boue. Dès le début c’est la retraite de
Russie. On marche dans des ornières, quelques plaques de neige dans les sous
bois nous rappelle la saison (euh … on
est quand même fin avril …), le vent froid nous cueille en haut de chaque
petite butte, l’humidité glaciale règne sur les Ardennes… non zut, c’est vrai
qu’on est dans le sud. J’avais oublié. La montée durera une demi-heure jusqu’au
point culminant à 1200 mètres d’altitude avant d’attaquer une longue piste
forestière qui redescend vers Meyrueis. 30 secondes suffiront à me tremper des
pieds à la tête. Les roues soulèvent des gerbes de boues et de flotte. Par
moment mes lunettes sont tellement opaques que je dois m’arrêter pour les
nettoyer. La piste est magnifique mais le terrain gras colle et empêche d’aller
trop vite. Malgré ça j’arrive à me laisser glisser jusqu’en bas. Un dernier
petit single-Track et nous arrivons à la fin de cette spéciale transit de froid
en 15 minutes. La météo avait prévue une journée ensoleillée, on regarde le
ciel avec angoisse. Le soleil est bien là mais de gros nuages le cache. Rien
pour nous sécher et la pluie n’est pas
loin.
2ème
descente. La bien nommée « la boite ». Ambiance plus sèche
puisque nous partons depuis le causse Méjean proche de l’Aven Armand pour
descendre vers les gorges de la Jonte. Le terrain est donc calcaire et sec.
Nous passerons devant la chapelle St Gervais (les connaisseurs apprécieront). La première partie est roulante et
la Trottinette est sur un terrain parfaitement à sa mesure. Longues pistes,
petits singles avec quelques racines et pierres (à sauter, hop, hop!). C’est
très ludique. Tellement ludique d’ailleurs que je vais faire une grosse chute
avec atterrissage sur le dos, Aïe !! La planche du Xh est glissante et
avec les pieds mouillés, zou !! Je glisse de la planche en pleine
descente, une crampe m’accueille quand je pose mon pied par terre pour amortir
et emporté par la vitesse, j’effectue une belle roulade façon judoka. Sauf
qu’au judo ils n’ont pas de sac à dos avec du matériel à l’intérieur. La bombe anti crevaison évoquée plus haut se
retrouve entre mes reins et le sol au moment de l’atterrissage. Scrouitch !!
Aïe, j’ai très mal. Le bras gauche aussi à tapé mais rien de cassé. Je me
relève en sursaut car la crampe me noue toujours le mollet droit. Vite il me faut m’étirer ! Le Trottinette est
plusieurs mètres en contrebas dans les buissons qui s’accrochent le long du
ravin. Heureusement que je ne suis pas tombé avec elle, il y a de la pente
…. Calmons nous on repart. J’ai eu
d’autant plus peur lors de ma pirouette que quelques minutes avant un pilote
s’est cassé l’avant bras sous mes yeux lors d’une énorme chute à VTT. Espérons
que la série noire s’arrête là. La
deuxième partie est un enfer pour moi. Des marches de 40 à 50 cm, des cailloux
glissants, je suis obligé de descendre en portant le Trottinette. Même à pied,
je glisse. J’ai mal au dos, aux jambes, aux bras, c’est la galère. La descente
est vertigineuse et le paysage est magnifique. Nous sommes orienté plein sud,
il ferait presque chaud par moment. En tous cas on sèche, ça compense la dureté
du parcours. Je vais passer trois quarts d’heure dans cette opération commando.
Je finis cette spéciale en une heure épuisé et endolori, le moral au niveau de
la mer (altitude zéro). Cette
spéciale aura eu raison de ma protection de cadre (pneu fixé sous le tube de cadre).
Repas.
La
troisième spéciale est annulée car le mauvais temps qui sévit a détruit la
piste et les passages sont trop dangereux. Les éclaireurs du matin ont
carrément annoncés danger de mort !! Gulp, personne n’insiste … Le raid
est aussi modifié au dernier moment.
4ème spéciale. Nous descendons cette fois ci vers les gorges de la Dourbie. Nous
partons du plateau en passant par un chaos de rochers façon « Montpellier le Vieux » qui se
trouve à quelques kilomètres à vol d’oiseaux. Séance photos par les
journalistes de « VTT Mag »
lors du passage d’une grosse bosse. La première partie est vallonnée sur le
plateau. Je marche un peu, je pousse beaucoup, c’est assez roulant, le terrain
me convient. Arrive ensuite un Single-track, pardon : un Mono-trace à
flanc de falaise absolument magnifique. Attention à rester concentré sinon la chute
risque (à défaut d’être fatale), d’être
très dangereuse. Nous passons à coté
d’un château en rénovation accroché au flanc de la paroi, impressionnant. La
descente douce va durer une heure. Je peux enfin m’amuser. Parfaitement adapté
aux Trottinettes, génial. La vue est fascinante. On a l’impression d’être un
oiseau qui survole le canyon. Par moment je regarde en bas et je redouble de
concentration sur le tout petit sentier devant moi. Ce n’est pas le moment de
glisser comme tout à l’heure. Le final est en sous bois et nous plongeons dans
le village de Roques Sainte Marguerites. La navette nous attend.
5ème
spéciale. Nous ne sommes plus que
quatre dans le dernier camion. Il est 17 heures, le peu de soleil qu’il y avait
a définitivement disparu derrière les nuages qui défilent rapidement sous le
vent des plateaux. Le fond de l’air est glacial. Beau mois de Novembre. Mal,
froid, plus envie. Je regarde la piste qui part sur le plateau et qui rejoint
le single que nous devons emprunter, il faudra pousser. J’ai mal partout et mon
dos me fait souffrir. Je ne me sens pas capable de pousser. Si c’est pour hurler
à chaque poussée, ce n’est pas la peine. Je décide de descendre par la route.
Un pilote de VTT qui n’en peu plus lui non plus m’accompagne un moment. Il
rejoindra le single au milieu de la route (on
l’a repéré en montant). Je me cale derrière le guidon et me laisse glisser
sur l’asphalte entre 50 et 55 km/h. Dix minutes après je me retrouve le long de
la Dourbie à Roques St Marguerites et je me remets à pousser le long de la
route pendant quelques kilomètres pour rejoindre la dernière navette. Chaque
poussée me fais souffrir horriblement du coté gauche. Je finis par trouver une
position la moins douloureuse possible et pousse doucement, d’autant que par
moments, j’ai le vent de face. Je n’en peux plus. Quelle galère. Comment je
peux être aussi détruit ? J’attends la dernière navette avec deux pilotes
(dont mon poursuiveur de tout à l’heure).
Le fermeur de l’épreuve arrive et reste avec nous. Je me refroidis. Je rêve
d’une douche chaude et de pouvoir me changer. 1h30 d’attente… La navette arrive
enfin. La dernière descente doit nous ramener vers le départ. La boucle sera
bouclée. J’ai trop mal partout, j’ai froid, je reste dans le camion qui me
ramènera au chaud. Le soir, grosse ambiance autour d’un super repas orienté
calories (l’apéro était costaud lui aussi).
Une douche, gros dodo et on verra demain.
Le
lendemain, re-belote mais sur le Massif de l’Aigoual.
Sauf
que … Il pleut. La pluie s’accentue, s’accentue, le vent s’y met, c’est comment
dire … abominable ? Beaucoup de pilotes fourbus de la veille (comme moi) ne se sentent pas d’affronter
les éléments. Ce sera journée mécanique. Il reste des courageux qui veulent en
découdre et qui partent soit dans les camions, soit sur le raid. Moi se sera
dans la Twingo direction la maison sous des trombes d’eaux !!
Malgré l’avis très réservé de certains coureurs quand à
ma présence sur ce type de course, non pas qu’une trottinette se mêle à eux,
non pas de problèmes, c’est un milieu très ouvert, le samedi soir au repas,
beaucoup m’ont félicité d’avoir pu descendre les spéciales, non c’est surtout
la capacité de franchissement qui est en cause. Bref, malgré les doutes, je
pense toujours qu’une Trottinette « aménagée »
peut faire bonne figure. Sur les parties roulantes pas de problèmes. Mais dès
que la descente devient cassante avec de grosses marches, la garde au sol
atteint vite ses limites. Attention aussi au poids pour le portage. Autant un
certain poids garantit une certaine stabilité, autant si on commence à porter,
cela va s’avérer être vite fatiguant. Mais l’aménagement dont je parle c’est
surtout relever encore la machine. Quelques centimètres de plus. Pas facile
puisque la hauteur du Xh utilisé sur cette épreuve était limite haute pour la
poussée et pourtant encore trop basse pour le TT. La solution est peut-être à
lorgner du coté des fourches à hauteurs réglables comme les « U-Turn » ? Mais quid de
l’arrière ?
Non la solution c’est de se fabriquer une machine sur
mesure qui réponde à tous les critères à la fois. Le dessin de la géométrie est
en train de germer dans ma petite tête.