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dimanche 10 juin 2012

Open de France. Lyon.


Samedi matin. J’ai bien dormi. J’ouvre un œil, regarde le réveil : 7h. Merd..., merd…, merd…, c’est l’heure à laquelle j’avais prévu de partir. Debout à fond, déjeuner, dernier préparatifs à bloc, 7h45 je suis sur l’autoroute. Je DE-TES-TE partir à la bourre. Mais le coté positif c’est que j’ai dormis une heure de plus. Alors l’un dans l’autre, ça n’est pas si mal… J’arrive sur le site vers 10h15.

Fin juin, on prend les mêmes et on recommence. Les habitués de l’ « European-Circus » se sont donc retrouvés ce week-end de fin juin à Lyon. Ce rassemblement est à la fois une « concentration » (genre concentration motos) où compétiteurs, familles, amis se retrouvent pour passer le week-end ensemble et une épreuve sportive. On y retrouve donc nos amis allemand (Hans-Christian qui finit toujours dernier et qui vient avec ses bonnes bouteilles de vin rouge de chez lui), hollandais, slovaques (Talibor et sa femme : 1700 Km pour venir passer un week end avec nous !!), tchèques (mon éternel concurrent Karel, on finit toujours ensemble années après années), les Finlandais (tous les ex et actuels champions du monde) et tous les potes français. C’est LE rendez-vous pour les coureurs français. Les anciens sont tous là, pleins de petits nouveaux pointent leur nez. Nous sommes plus d’une soixantaine inscrits.
Les machines présentes sont toujours plus ou moins les mêmes. Kickbike, BCS, Kotska, Effendi, Zockra. La grande absente est la marque Footbike. On peut mesurer la qualité d’une machine à sa présence dans les paddocks…
Le week-end va être très chaud. En température et en tension. Outre le fait qu’on est content de se retrouver, la compétition est tout de même là. Certains sont affutés comme des sabres de samouraïs et viennent là pour « péter » un chrono, d’autres (dont moi) sont là pour participer quelque soit le résultat (ça n’empêche pas qu’on aime bien se tirer la bourre quand même). Au menu,  un contre la montre de 2,5Km, un 10Km, le Relais et un Marathon. J’ai prévu de participer aux deux premières courses, le Relais étant trop violent pour moi. Quant au marathon je me réserve de savoir si je le fait ou pas. On verra suivant les résultats du premier jour.
Après avoir salué tout le monde et récupéré ma plaque et mon « chips » (le truc électronique qui va calculer mon temps), je me renseigne sur le repas de midi. Je n’ai quasiment pas déjeuner et j’ai faim. Il me faut des forces pour cet aprèm. Et là, j’apprends qu’il n’y a rien de prévu…. Heu …. On me dit que je peux aller fouiller dans les frigos les restes du petit déjeuner mais c’est tout. Bon d’accord,  je compte sur les nouilles de la veille et en attendant je vais me « gaver » de petits pains au lait. On verra bien.

1er jour : Contre la montre  2,5Km 
12h50. On part dans l’ordre inverse des dossards (je suis le n°32) toutes les 10 secondes. Le parcours est le même depuis le début de cette épreuve il y a deux ans. Une piste parfaitement goudronnée qui serpente autours d’une petite forêt. Des lignes droites, des virages serrés, de la relance, deux mini-bosses, bref très technique et ludique. Le sol est bitumé, terrain de prédilection des machines surbaissées.
Je repère le circuit en poussant disons… à 60% de mon régime pour voir mon temps dans ses conditions : 7’30’’. Je vise donc la barre des 7’.
Départ officiel : 3, 2, 1…Je pars à bloc en poussant le plus vite possible. Dès la mi-parcours (environ 3’) je suis asphyxié. Je passe en mode « survie » et je finis à l’agonie avec une envie de vomir qui surgit passé la ligne d’arrivée. J’ai trop forcé. Et à froid en plus (malgré les 78°c au soleil).
Mon résultat : 6’22’’. Je fais une pointe à 32Km/h. Le meilleur, un jeune Hollandais en 4’58’’. Il se permet de battre le Roi Kai Immonen.
J’ai une bonne heure et demie avant la course suivante. Avec Thierry et un autre concurrent nous partageons le pique-nique d’Isabelle (« Merline ») et son mari. Force Pâté, Jambon et vin blanc. Un peu de dopage Bio ne fais pas de mal, vu ce qui nous attend. 
Anecdote : Le premier Français du contre la montre ne participera pas aux 10Km. La veille il a un peu trop arrosé sa première rencontre avec les Français. 5litres de bière au gin. Il a finit le contre la montre dans le camion des pompiers sous oxygène et direction l‘hôpital. Il reviendra dans l’après midi rassuré sur sa santé mais raté pour le 10Km…


1er jour : Critérium 10Km
Il est 14h30. Le soleil brûle. Les quelques zones d’ombres sont prises d’assaut. Il doit faire au bas mot dans les 35°c. Je bois sans arrêt. Le casse croûte m’a fait du bien mais tout à coup j’ai un gros doute. Extrême chaleur + vin blanc, c’est un cocktail explosif pour les crampes. D’autant que le run de tout à l’heure m’a laissé des traces quant aux sensations musculaires… 
On va tourner 4 fois sur la piste du contre la montre. Nous somme 59 au départ. Certains n’ont pas fait le contre la montre pour ne pas se pourrir. Je pars moins à bloc que tout à l’heure et je me mets immédiatement au rythme que je pense tenir. C'est-à-dire entre les 7’30 de l’entraînement et les 6’22 du contre la montre. Mon objectif étant moins de 30’, je garde un bon 22Km/h au compteur. A moi à tenir ce rythme sur les 10 bornes. Je suis avec mon tchèque  préféré Karel (mon éternelle doublure), Jean-Charles Quiniou (14ans le môme !) puis une paire d’autres. Le premier tour est fait pour prendre ses marques. On a tous le même rythme. Je le passe en 6’41’’. Deuxième tour, la fatigue pointe son nez mais c’est aussi le cas de mes voisins. On maintient l’allure. 6’41’’. Troisième tour, la fatigue s’accentue. Deux coureurs de notre groupe s’éloignent lentement. Je perds quelques secondes en arrêtant la poussée pour prendre une gorgée d’eau, mais j’en avais besoin. J’en propose d’ailleurs à Jean-Charles qui n’a pas de gourde. La chaleur est impressionnante. Le soleil tape très fort. Je suis toujours avec Jean Charles Quiniou et Karel. Le jeune Quiniou a une bécane magnifique préparée par son père. Une superbe bête de course « Si tu n’as pas un bon résultat, ton père m’as dit que tu aurais une trot rose « Hello Kitty »… » Eclat de rires de sa part, il sprinte en criant « Noooonnn…. ». Vers la fin du troisième tour j’entends un bruit bizarre derrière moi. Un raclement étrange. Une sonorité de roulements pourris. C’est Alexander le LongBoarder qui nous double. Et pas lentement !! Je regarde mon compteur, 24Km/h et il me prend facile 2Km/h… Il pousse bizarrement (pour nous bien sûr) avec une rotation du torse et des bras. Fichtre ! Qu’est-ce qu’il avance le gars !! Mais comment fait-il ? Je passe pour la troisième fois devant le Chronos en 6’55’’. 
Dernier tour. Quelques secondes après mon passage, le premier arrive en 20’52’’. Je continue en cherchant à être bien régulier. Je dois rester dans mon rythme. En aurais-je assez pour pouvoir faire un sprint final ? Je colle mes adversaires. Dans l’ordre : Jean-Charles, Karel et moi. Dernière ligne droite. Plus qu’une centaine de mètres. J’accélère le rythme, passe le tchèque, ré-accélère, arrive au niveau de Jean-Charles et lui hurle « Vas-y sprinte ou je te passe !! ». Pendant les quelques secondes de sprint je vais le pousser dans ses retranchements en lui criant dessus « Pousse, pousse, Go, Go !! ». Il s’arrache comme un fou et  me devance sur la ligne d’un centième se seconde… Je finis en 27’39’’720’’’ (dernier tour en 7’09’’) et lui en 27’39’’600’’’ !! Je suis super content, je « perd » 3 secondes en deux ans sans aucun entraînement. D’autant que je n’avais pas touché à ma bécane depuis fin Janvier pour le Ventoux.
Le soir, grosse ambiance et gros repas. Nous sommes installés au bord du Lac avec une vue magnifique. Idyllique. Malgré la chaleur toujours présente on dévore comme des ogres avec moulte bières. Dodo à 23h mort de fatigue avec début de migraine suite à l’effort.

2ème jour : Marathon

6h. Le soleil tape sur la tente. A l’intérieur il y fait grand jour. Je me lève après une bonne nuit et m’avance vers la table géante du petit déjeuner. Luc est déjà debout et met la table. Nous somme rejoint peu à peu par tout le staff français. A 7h, tous le monde est là, les étrangers sortent de leurs tentes de ci de là. Je ne ferai pas le Marathon et vais me joindre aux bénévoles (50 en tout) pour garder la route. La course est un circuit de 8Km à parcourir 5 fois. A chaque tour, plus de 150m de dénivelé. En tout c’est presque 800m que les coureurs auront dans les jambes. 
Christophe nous place sur un passage très dangereux. Il s’agit d’un double virage en angle droit. Un gauche, puis 50mètres de descente à 15% dans le gravier puis un droit. Nous balayons la piste afin de la sécuriser. Les graviers sont mis de coté. Avec la petite Kotska de Thierry nous prenons différentes trajectoires de la descente pour  être sur de notre coup. Nous posons des cônes de chantiers devant chaque piège (poteaux électrique, muret). Je me poste au sommet devant le premier virage et Thierry en bas devant le second. Nous attendons la meute. A chaque passage, je fais de grands signes pour les faire ralentir. Dès qu’ils surgissent dans la pente, Thierry en bas fait de même. Les passages sont de plus en plus rapides. Lors de la première boucle, tout le monde est passé doucement, debout sur les freins, un pied par terre en raclant pour ralentir. Le seul à la passer intégralement à pied est le LongBoarder. Trop dangereux. Puis au fur et à mesure des tours, les premiers sont passés de plus en plus vite. A l’arrière le freinage et la descente sont pris avec prudence mais devant, c’est sport de glisse. Les 5 premiers passent à bloc. Kai, Hannu, Luc sont impressionnants. Le pire de tous est Kai. Il arrive face à moi allongé en recherche de vitesse, tourne sans freiner, « enquille » la descente sans la moindre notion de freinage et prend l’angle droit du bas dans une trajectoire parfaite. Le tout dans une sensation de fluidité et de maîtrise de la machine qui laisse sans voix. Je repense alors que la Finlande a donné comme champion Haari Vatanen, Kimi Raikonen. Ils ont le sens de la trajectoire dans les gênes. Hannu utilise la même technique en légèrement moins rapide. Mais ce qui devait arriver arriva… Au troisième passage, alors qu’il se bagarre avec Hannu pour la deuxième place et qu’il est talonné par un jeune Tchèque, Luc rate son virage en bas et chute de tout son long. Pomette éclatée, menton ouvert (plusieurs points), épaule et bras grandement tuméfié (brûlure au second degré). Du sang partout. Il se relève et veut repartir. Thierry et moi tentons de l’en empêcher, il a du sang partout, tourne sur lui-même, complètement désorienté il veut repartir à contre sens. Il finit par nous fausser compagnie et repars à fond. On est inquiet. Je remonte à mon poste en courant et maintenant gueule après les concurrents qu’une chute a eu lieu « Somebody fall down, slow, slow !! ». Ca calme pas mal d’ardeurs !
Il n’y aura plus de chutes. Luc va repasser en troisième position pour son tour suivant. Il a l’air d’avoir la forme (malgré sa gueule et son bras en sang). Ouf…

Le vainqueur (Kai bien sûr…) en 1h38’01’’. Sur le podium à la remise des prix, apprenant que Luc s’est vautré gravement alors qu’il était en train de revenir sur lui et que cette chute lui a fait perdre la deuxième place, Hannu considérant que Luc aurait pu le gagner, échange sa deuxième place avec lui et prend la troisième. Grandeur de la Finlande !
Voilà, le week-end est terminé. On sort des frigos de quoi faire un dernier buffet froid et en grignotant autour d’un verre on refait les courses. Beaucoup sont en train de plier leurs tentes, ils ont pas mal de bornes à faire (1700 pour les slovaques). En discutant avec Dalibor le Slovaque, grand habitué des épreuves de l’Eurocup, il me dit qu’en France nous avons la meilleure bouffe, le plus beau site pour mettre les tentes, les plus beaux parcours et surtout le marathon le plus dur, le plus technique de tous les Européens. Et ça, il aime ! Tout comme les Finlandais qui ont vraiment beaucoup aimé la difficulté de la journée. Plus c’est dur, plus ils sont bons. Je fais le tour de tous les concurrents encore présents et je leur dit au-revoir, (See you in Germany !). Un dernier papotage avec les amis et zou, je rentre à la maison.