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samedi 29 septembre 2007

100km de Millau.



Gros, gros morceau que cette manifestation. D’autant que je ne participerai pas en officiel, ce qui implique pas de ravitaillements. A moi d’être autonome en eau et repas sur la journée.

Cette course s’articule comme suit : D’abord une première boucle plate autour de Millau de 42km. Les gens qui courent le marathon (inclus dans la course) ne feront que cette partie. Cela veut dire aussi que cela risque d’être rapide. Ensuite un aller-retour vers Saint-Affrique (35km le trajet) avec du dénivelé. Comme j’accompagne des coureurs, je ne vais pas rester avec eux (10 km/h pendant 10h, je vais m’endormir ….). L’idée du déroulement est la suivante : J’effectue le Marathon en 2h30. A ce moment là nos coureurs devraient être un peu après le semi. Je pars vers Saint-Affrique et à mon arrivée (en 4h30) nos coureurs auront juste passés le marathon pour les meilleurs. Je rentre vers Millau et je devrais croiser les coureurs à mi-chemin. Là je repars avec eux vers Saint-Affrique et les accompagnes jusqu’à la fin. Mon kilométrage total devrait être de 130/140km. Un autre scénario se profile à l’horizon. Imaginons qu’à l’arrivée à Saint-Affrique je sois en pleine forme en moins de 4h30, alors je fonce directement vers l’arrivée pour faire un temps. Là je ferais demi tour pour venir à la rencontre des coureurs et rentrer avec eux.
Voilà pour la théorie puisque j’écris ces lignes deux mois avant la course et que je ne prends pas en compte l’élément météo. En effet l’an passé il était tombé des trombes d’eau pendant la journée.
La météo sera clémente ce jour. Nous aurons un grand soleil toute la matinée, gris l’après midi avec trois goutte vers 17h, et une grande douceur coté température. C’est déjà pas mal.
Après les présentations, explications et photos d’usages, nous prenons la route Thierry, son KB Sport Classic et moi avec mon KB Millenium Racer, avec les suiveurs à vélos pour nous poster sur la fameuse zone suiveur à 7km du départ au village « d’ Aguessac ». Nos compteurs sont déjà à 30’ et 7km. Farniente au soleil et papotage autour de la course et de nos machines. Tous les suiveurs (2000 !!) sont disposés de part et d’autre de la route dans le village et à sa sortie. Nous sommes à la sortie du village, pas de bouchon, on est assez espacé. Nous laissons passer les premiers coureurs qui arrivent vers 10h30 et attendons le passage de Loïc pour démarrer. Il est 10h50. Depuis 20’ un foule dense passe devant nous. Nous nous engageons dans la marée humaine et remontons lentement le courant. Les groupes sont compacts et il faut parfois attendre plusieurs minutes à 8-9 km/h bloqué derrière des coureurs et cyclistes pour pouvoir profiter d’un trou et accélérer fort pour passer au groupe suivant etc …. Cet exercice de fractionné va durer pendant 40 km. On en profite pour parler des Footbikes aux intéressés qui sont fort nombreux. C’est le début de la fête. L’ambiance est bonne enfant et décontractée. Premier arrêt au kilomètre 20 (1h15). Ravitaillement et rangement du blouson. Il fait chaud, le soleil brille. Le passage du semi est dans une épingle à cheveux dans une petite côte « cassante ». Mais le public est bien sûr là et nous passons en poussant (9km/h) malgré le dénivelé. Tout va bien. Des petites descentes ou nous sommes obligés de freiner pour cause de foule (c’est râlant …) succèdent aux petites côtes. Nous pourrons pousser durant toute cette première boucle. L’arrivée à Millau (Marathon) se fait en 2h40. Nous nous arrêtons, petit ravitaillement, plein d’eau et on repart pour la deuxième boucle de 60km. Aller-retour vers Saint Affrique.
L’ambiance change. Il y a beaucoup moins de monde maintenant. Nous pouvons rouler tranquillement, la route est toute à nous. Première difficulté, la côte du viaduc. Une ligne droite de 2km à 7% avec le Viaduc au sommet. En pleine forme, je la pousse aux trois quart et m’arrête épuisé. Thierry n’a pas insisté et c’est mis à marcher dès le début de la montée. Arrêt ravitaillement au sommet, photos souvenir (avec le viaduc en fond, on joue les touristes) étirements car les crampes sont déjà là. Nous enchaînons sur une longue descente. J’essaye toutes les positions de recherches de vitesses mais que je soit accroupis, allongé sur le guidon, tendu vers l’arrière, les crampes apparaissent dès que je tend le moindre muscle. Zut ! Les quelques minutes de la descente seront misent à contribution du repos musculaire dans la mesure du possible. Je n’insiste pas et laisse filer la bécane à 50km/h en restant droit. Plusieurs kilomètres de faux plat montant nous mènent au pied de la fameuse côte de Tiergues. Là un gendarme nous interdit le passage, la route étant réservée aux possesseurs de dossards. Après une tentative de négociation, il ne veut rien savoir et c’est un membre de l’organisation posté là qui nous donnera le truc pour rejoindre la course un peu plus loin. Le gendarme n’en crois pas ses oreilles, « Non, mais si vous leur dites comment faire, c’est n’importe quoi ».
Nous continuons ce long faux plat montant. Pas agréable. Les voitures passent très vite, le vent est de face, beurk. Au rond point signalé par notre « sauveur », la route à droite est barrée. Nous la prenons et c’est une côte qui s’offre à nous. En temps normal nous l’aurions poussée. Mais avec 60 bornes dans les pattes et les crampes qui sont là, soyons raisonnables. Nous voyons au loin le ravitaillement du sommet de la côte. C’est bon la course est là. En fait nous aurons juste évité la fameuse côte de Tiergues. Après calcul, la distance de ce détour est quasi identique au parcours officiel. La route au sommet est bien entendue barrée et « gardée » par des gendarmes. Fort de l’expérience précédente, nous adoptons la stratégie suivante : Le passage en force-douce. Nous nous arrêtons à coté des dis gendarmes le long de la route. Sur la gauche, la grande descente qui part vers St Affrique. Il y a du public, des voitures garées, nous sommes incognitos. On se ravitaille, on s’étire, on fait même essayer un Kickbike à une spectatrice. On applaudit les coureurs qui passent. Le premier passe à ce moment là. Le temps de la voiture Chrono annonce 2h58’. Ma montre (temps réel) affiche 5h. Nous avons 2h dans la vue. Cela correspond à tous nos arrêts. Les gendarmes ont l’air de nous ignorer. Le zélé du bas de côte ne les as pas prévenus que des dangereuses trottinettes armées jusqu’au dents voulaient passer en force et menaçaient l’ordre public. Nous attendons un moment ou aucun coureur n’est à l’horizon, le gendarme de faction a le dos tourné, GAZ !! nous sautons sur les machines dans la pente direction Saint Affrique. La descente (5km) va durer 10’ entre 50 et 60km/h. Un régal. La route fermée à la circulation automobile serpente en large virage. Je suis accroupis, les fesses calées contre le pare-boue arrière. Thierry et moi nous nous doublons au gré des accélérations de la pente. Sensations fantastiques. Nous doublons les quelques coureurs (qui nous repasserons dans l’autre sens bien entendu….) qui sont devant nous. Une moto de l’organisation vient se mettre à coté de nous et le passager nous montre 6 et 1 avec ses mains. On est d’accord les gars, je confirme on est aux alentours de 60 km/h.
Arrivée à St Affrique (5h20). Nous traversons la ville et reprenons la côte. Là, c’est l’agonie. Nous nous arrêtons immédiatement. Impossible d’aller plus loin. Même les étirements sont douloureux. Tu étires une jambe, Aïe !! crampe gigantesque sur l’autre. Tant pis on prendra le temps qu’il faut mais nous repartirons dès les crampes calmées. Les coureurs passent de temps en temps dans les deux sens. Nous finissons par reprendre la route en marchant à 6 km/h à coté de nos KB. Thierry se sent mieux et se remet à pousser lentement. Il disparaît lentement au loin. Je tente de le suivre mais mes mollets me rappellent à l’ordre. Je n’insiste pas. Je suis limite rien qu’en marchant !!
Les coureurs me passent lentement. Un marcheur me double … Les suiveurs sont régulièrement positionnées le long de la route. On me préviens que mon copain est déjà passé en poussant et qu’il avait l’air d’avoir la pêche. Ben pas moi. Je passe de l’eau à un coureur qui n’a plus de suiveur. Il me vide ma dernière gourde. Il la mérite. Le sommet pointe son nez. 1h pour l’atteindre en marchant. Enfin le ravitaillement. Je repasse devant notre point de départ de tout à l’heure. Ma montre marque 6h30. De plus en plus de coureurs nous croisent maintenant. Je refais le plein de mes gourdes d’eau, me ravitaille en solide (jambon, pain, abricots secs), avale un coca et deux jus d’oranges. Après les étirements de rigueurs, nous repartons pour cette fois descendre cette fameuse côte de Tiergues que nous avons ratée tout à l’heure. Mais c’est au tour de Thierry de bloquer. Les crampes lui arrachent les jambes. Il ne peut plus bouger. Longue série d’étirement, puis nous repartons par une toute petite route en épingle à cheveux au très fort dénivelé. Sur la gauche monte une file continue de coureurs et cyclistes. Les visages marqués apparaissent, les premiers abandons aussi. Presque la retraite de Russie mais pas encore car le pire reste à venir pour eux. Il leur faudra revenir et à la nuit ! Nous ne pouvons pas nous lancer et prendre de la vitesse. Trop de monde, virages trop serrés. Nous descendons « doucement » à 30km/h. En bas de la côte (notre gendarme préféré n’est plus là), nous reprenons la longue route en faux plat descendant cette fois-ci. Sur le coté gauche c’est la grande foule maintenant. Nous croisons Loic, puis Christian et enfin Anne-Marie les Coureurs-Footbikeurs-Sans-Footbikes et nous les briefons sur les côtes à venir. Ils ont le moral et sont encore relativement frais. Nous passons le panneau des 80 km en 7h30. Je commence à avoir des douleurs intestinales. Il y a de moins en moins de monde en face. Maintenant ce sont les marcheurs qui sont là. Jusqu’à l’arrivée nous croiserons des marcheurs. Combien de temps mettrons-ils ? finiront-ils ? (le dernier classé cette année pointera en 21h)
Dernière cote à marcher. Nous sommes avec la première féminine qui finira 15’ après nous seulement. Elle est d’une fraîcheur étonnante. Nous repassons sous le pont et attaquons ce qui sera la dernière descente. Celle qui fut la première côte à 7% et qui me cassa les jambes à l’aller va donner l’occasion de se racheter au retour. J’y bas mon record personnel de vitesse. 66 km/h. Nous finirons dans Millau au milieu des voitures, fatigué, mal aux mollets, aux cuisses, au ventre. Arrêt au milieu de la dernière avenue devant le Km99. Il est presque 19h, il fait sombre. Nous sommes partis ce matin à 9h30. Nous lançons ensemble le sprint final sur le dernier kilomètre. Thierry se détache lentement pendant que je reçois l’équivalent d’un coup de couteau dans chaque mollet à chaque poussée. La souffrance est terrible. Je ventile à bloc en serrant les dents, nous surgissons dans le parc de l’arrivée, Thierry a ralentit pour m’attendre et nous remontons cote à cote jusqu'à la ligne d’arrivée. J’ai une bouffée de larmes qui monte aux yeux ….
100km : 8h20 !!
Les chiffres :
Temps réel 8h20
Au compteur : 6h50
Moyenne compteur: 15km/h
Dénivelé cumulé: entre 800 et 900m.
Kilométrage : 105
Liquide consommée : 4 litres d’eau, 2 jus d’orange, 1 coca.
Solide consommé : 6 gels au magnésium (1 par heure), 1 gel Energie Raid, 4 tranches de pains d’épice, quelques fruits secs, toasts au jambon et fromage.
Loïc finira en 14h56, Anne-Marie en 14h58 et Christian en 15h15.
Les objectifs de la prochaine édition sont tous trouvés : Moins de 8h20 au général et moins de 6h50 de roulage.