Ils sont tous
là. Les Barons de la Trot. Ils sont venus des fins fonds de leurs terres.
Le Seigneur
Dexter, le Mercenaire qui participe à tous les combats du moment qu’ils sont
considérés comme perdus d’avance. Rien ne lui fait plus plaisir que d’être seul
face à une meute enragée. C’est là qu’il est le meilleur. Le Baron Quiniou,
Chef vénéré du plus gros clan de
trotteur du pays. Gargantua de la route. Quand il n’a pas de batailles à se
mettre sous la dent, il les provoque invitant les clans venu du froid à
des joutes sanguinaires !! Le Prince Deniaud, Duc de Bretagne de retour de sa
campagne victorieuse en pays lointain. Campagne qui dura plusieurs mois et
qui est déjà dans la légende. Jean-Luc
et Dame Anne qui viennent du comté de Quiniou. Les champs de batailles
commencent à les voir régulièrement et leurs noms circulent de plus en plus
dans les rangs des combattants. Thierry, Baron du Languedoc et Comte de Saint Just. Il est le plus ancien de
la troupe. Il a plus de batailles dans jambes que tous les autres réunis.
Malheur à ceux qui ne le connaitrait pas. Puis des nouveaux venus tout aussi
redoutables que les anciens. Ils commencent à écrire l’histoire de la Trot.
Claudio qui lors de son dernier combat
terrassa ses opposants durant 24h !!, Fabricio qui hante les
plaînes du Centre Nord et dont la seule évocation du nom fait fuir la plupart
des adversaires. D’autres encore, des nouveaux combattants qui nous rejoignent
et dont nous allons apprécier la vigueur. Il nous manque Luc, Seigneur du
Verdon, pourfendeur des tribus Scandinaves. Le seul qui effraye les Rois Nordiques. Accompagné de sa fidèle
Amazone Krolette. Les Bonnie and Clyde de la Trot. Le couple infernal qui fait
trembler des Hordes de L’Est. Il s’est blessé lors d’une bataille précédente.
Et moi votre
humble narrateur. Je suis sur mes terres. Cette bataille là, je la mène depuis
quatre ans. Au début nous n’étions que deux avec Thierry. Ce dernier ne m’a
jamais lâché et nous fûmes rejoints peu à peu par les seigneurs des autres
comtés. Maintenant les plus grands sont là et les hordes de centaines de
milliers de mètres d’asphalte faces à nous tremblent déjà. Nous sommes à un
contre cent milles, mais la peur n’est pas dans notre camp. Car en ce 24
Septembre de la onzième année du second millénaire, c’est nous qui lançon la
charge. Place à la Saga.
Bon d’accord. J’arrête mes bêtises. Revenons à la
réalité.
Marathon
Les trotteurs cette année sont au nombre de 14. Jan qui
nous vient de Belgique, Dexter, Christophe, Claudio, Thierry, Fabricio,
Bernard, Jean-Luc, Anne (sur le marathon),
Fabrice, VwBob, Dave26, Gilles et moi.
Nous nous postons devant les coureurs à pied et après
un décompte de la foule initié par Christophe (10-9-8, etc…) notre départ est donné.
La troupe se scinde immédiatement en deux. Les fusées
devant, les tracteurs derrières. Parmi les premiers, Sébastien (Dexter), Christophe, Claudio, Thierry,
Fabricio et Jan (le Belge).
Nous prenons nos marques. Mise en place des sensations,
des gestes, rodage de la mécanique d’horlogerie qui va nous permettre de tenir
les 100Km. Passage des 10Km en 34’. Je suis dans la moyenne des années
précédentes. Avec ma troupe, nous allons faire le Marathon tranquillement. Nous
évoluons par groupe de deux ou trois. Passage du semi en 1h16.
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
21
Km
|
38Km/h
|
1h13
|
17,6
Km/h
|
4’
|
16,7
Km/h
|
On se rattrape, on s’attend. Le groupe est plus ou moins
homogène. Bernard, Anne, Jean-Luc, VwBob, Dave26, Fabrice, Gilles, telle est
notre petite équipe. La température est idéale, il faisait même un peu frais au
départ, on fait une belle ballade. La plupart sont des nouveaux, on en profite
pour faire connaissance. Bernard nous raconte son « trip » de Dakar jusqu’à St Nazaire, puis de St Nazaire à
Compostelle et Séville et ensuite Casablanca. Dans le genre longue distance, on
est tous battus. On papote autour de nos différentes machines. Gilles possède
une Footbike très particulière, c’est une copie « pirate » qui fut rachetée par la marque, repeinte et revendue.
Toute une histoire la bécane. Fabrice est sur une Footbike Tout-terrain
préparée pour la route. Pneus fins, guidon de Triathlon. Bernard sur une superbe
BCS Evo dont le guidon est bricolé pour accueillir tout un bordel
d’accessoires. Mélange de deux technologies présentes sur la planète :
L’Occident avec son design et l’Afrique avec
le tendeur et le fil de fer ! On est plus dans l’esprit d’une grosse randonnée que d’une course. Nous
finissons le Marathon tous ensemble en 2H30.
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
42
Km
|
54
Km/h
|
2h20
|
18
Km/h
|
11’
|
16,1
Km/h
|
Aller St Affrique
Tout le monde est content, ce fut une belle visite des
gorges de la Jonte. Les choses sérieuses vont commencer, les fameux 900 mètres
de dénivelé positif (et négatif) apparaissant maintenant. Je me prends 10
bonnes minutes de repos/ravitaillement solide (roquefort, pâté, bananes, pain d’épice) avant de repartir. Bernard
lui ne veut pas perdre son rythme et repars de suite. Gilles est épuisé mais
voulant aller jusqu’au bout, il décide de prendre le temps nécessaire pour se
remettre avant de repartir. On le laisse. J’ai un gros doute sur le fait qu’il
reparte. Il a l’air mal en point. Anne ne faisant que le Marathon reste là.
Elle prendra nos temps à l’arrivée. VwBob, Dave26, Fabrice, Jean-Luc m’accompagnent et notre troupe part à
l’assaut de St Affrique. On continue de papoter, on reste maintenant en ligne
le long de la route genre cyclistes. On a le même rythme (un petit 18) et on pousse en rythme. Stratégie de groupe. La côte
de Creissel. Celle avec le Viaduc au sommet. Je ne la présente plus. C’est ici
que les premières crampes m’attendent. Elles seront au rendez vous… Je m’arrête
dès le début et marche. Jean-Luc, Fabrice, VwBob et Dave26 me laisse et
arrivent à pousser un peu. Je les vois s’éloigner vers le sommet petit à petit.
Je suis obligé de m’arrêter régulièrement pour m’étirer. Les crampes arrivent
puis passent, puis reviennent. J’en ai partout. Mais les étirements réguliers
les maintiennent « à distance ».
Le sommet : 3h20 au compteur. Jean-Luc et Fabrice sont déjà repartit.
VwBob et Dave26 m’attendent. Ils arrêtent là. C’est leur première fois, ils ne
veulent pas insister au-delà.
Je repars seul dans la grande descente vers St Georges.
Les crampes sont calmées et je peux profiter de la vitesse (61 Km/h) pendant quelques minutes. La
route est vide, je choisis mes trajectoires, un vrai plaisir. Pas tout à fais
en fait car la route ayant été refaite (ou
en cours de réfection je ne sais pas), elle possède des rainurages qui font
que la bécane n’est absolument pas stable. Au début je cru qu’il ya avait du
vent qui me poussait de coté. Un coup d’œil aux arbres, ils ne bougent
pas ! C’est la route qui
bouge. Vous voyez ces rainurages parfois sur les autoroutes où la voiture bouge
latéralement lorsqu’on refait le bitume ? Là c’est pareil. Les roues
passent d’une rainure à l’autre, la stabilité est disons « aléatoire ». Je tiens le guidon de
toutes mes forces pour ne pas tomber. Pas tranquille à cette vitesse.
Je rejoins la grande route qui mène au bas de Tiergues.
Plusieurs kilomètres monotones au faux plat montant (vivement le retour). Je rejoints Jean-Luc et Fabrice au prochain
ravitaillement. Ce dernier n’est pas en place. On refait néanmoins le plein
d’eau en les prévenant qu’ils ont intérêts de ce bouger, les premiers ne sont
pas loin derrière. Nous repartons tous les trois. St Rome, dernier ravito avant
la côte. Nous nous arrêtons et faisons le plein de solide. Pâté, roquefort,
banane, chocolat, pain d’épice, œufs durs, je me gave et remet le niveau
d’énergie à bloc. La grosse difficulté arrive. Jean-Luc repart seul. Fabrice et
moi attaquons Tiergues ensemble en marchant. Les crampes sont là mais ne
dégénèrent pas. Le fait de discuter fait penser à autre chose. Nous croisons
Jan le Belge qui redescend. Un calcul rapide nous fait dire qu’il est sur une
base de 5h !! Incroyable. Ce petit bonhomme souriant qui n’a l’air de rien
est en train de foutre la pâtée à tous le monde. Nous sommes presque au sommet
quand tout à coup derrière nous surgit le premier coureur à pied. Fabrice veut
se mettre à pousser mais ne peut pas. « T’inquiète pas, laisse le passer, on l’aura dans la descente »
lui dis je. Nous continuons en marchant tous les deux. Reposons nous, ca n’est
pas terminé. Le sommet en 4h40. Nous remontons sur nos bécanes et reprenons
notre poussée. Fabrice part devant moi. Il a bien récupéré et accélère, je le
laisse partir. Il est plus lourd que moi, alors de toute façon dans la
descente, je ne pourrais pas le rattraper. Il se cale sur son guidon de
Triathlète et disparaît au loin. Je croise enfin nos champions sur le retour.
Christophe en tête qui a l’air de souffrir « Ca va ? » « _Non ! »
me lance t-il lorsque je le croise. Suivit de près par Dexter et Claudio (avec son éternel sourire en coin). Eux
par contre ont l’air bien. J’attaque la descente à bloc allongé sur mon guidon.
Je double le premier coureur avec un salut à mon copain de la voiture Chronos (coup de klaxon de sa part) Pas de
rainures sur la route, mmmmh un régal (50/60
Km/h). Je vois au loin Thierry arrêté (THIERRY
ARRETE ?). Freinage d’urgence. Qu’est ce qu’il se passe ? « J’ai mal au ventre, envie de gerber des
douleurs atroce, je peux plus pousser, j’ai dû me tromper dans le dosage que
j’ai dans le Camel Back. Du coup je peux plus boire. Ca va pas du tout !! ».
Merde il est mal. Je lui passe une de mes gourdes (je tourne à l’eau pure). Je le laisse et repars. Je croise Fabricio
dans la foulée, puis Bernard. Re-arrêt dans la descente. Papotage, « Ca va ? » « Ouais super ». Lui aussi a sont
éternel sourire. Bon, il faudrait peut-être que j’arrête de discuter avec tout
le monde moi. J’ai une course à faire mine de rien. J’arrive enfin à St Afrique
en 5h00.
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
72
Km
|
61
Km/h
|
4h30
|
16
Km/h
|
34’
|
14,2
Km/h
|
Retour
Millau
Passage au milieu des majorettes qui me font une haie
d’honneur, merci les filles. Je leur dis que le premier est juste derrière moi.
La tension monte, hé, hé, hé. Après ma recharge énergétique à base de … devinez
quoi ? Pâté/Roquefort !! Bravo ! Je remonte vers Tiergues en
marchant. Les crampes redémarrent et comme dans la montée de Creissel, je vais
alterner marche et étirement. Dès le début je croise le premier coureur qui me
redouble rapidement. « A tout à
l’heure dans la descente » me lance le chauffeur de la voiture chrono.
Gilles surgit, il est enfin là. Je n’y croyais pas, il a réussit à repartir. Il
va le finir son Millau !! J’arrive à reprendre la poussée vers le sommet
de la côte. La pente est moins rude. Je croise lentement les 10 premiers coureurs les uns après les
autres qui attaquent leur descente.
Sommet de Tiergues
5h45 à ma montre. Je suis bien fatigué mais la forme est quand même là.
Fatigué mais pas épuisé.
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
78
Km
|
61
Km/h
|
5h10
|
15
Km/h
|
36’
|
13,5
Km/h
|
Je ne m’arrête
pas au ravitaillement, j’attends celui d’après en bas de la côte. Je passe le
80Km en 5h55 pile. Je double mon ami le chrono sur roulettes avec un énorme
« YEESSSS ! ». Gros
coup de klaxon en réponse. A partir de maintenant et jusqu’à la fin je vais
croiser la troupe de 4000 coureurs et leurs accompagnateurs. L’ambiance est
festive. Je croise une connaissance en triporteur (il accompagne deux coureurs), salut quelques coureurs que je
connais, puis d’autres comme : Obélix, un centurion romain, des bagnards,
Goldorak… Je reprends la longue route
monotone en faux plat descendant
maintenant. Je tiens un 18/20 sans trop forcer. Bien sûr je pourrai m’arracher
en prenant un bon 25 mais à quoi bon. Pour gagner 5’ à l’arrivée ? Et puis
surtout il reste la côte de Creissel et j’ai de moins en moins la pêche. Les
crampes sont là-bas en embuscades, elles m’attendent…. et
dès le début de la dite côte elles
me sautent dessus. Les fourbes, elles auraient pût attendre un
peu !!
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
90
Km
|
61
Km/h
|
5h45
|
15,7
Km/h
|
39’
|
14,1
Km/h
|
C’est là que mon pote le grand maître du temps me rattrape. Il reste en moment avec moi, on
discute et il file lentement. Le premier arrive et me double. Quant à moi
j’alterne toujours la marche et les étirements. Les crampes sont sympas, elles
n’augmentent pas. J’arrive à les repousser. Je suis fatigué. Très fatigué, mais
j’ai encore de l’énergie et le moral, alors ça va plutôt bien. Enfin le sommet.
7h dans les pattes …
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
93
Km
|
61
Km/h
|
6h15
|
15
Km/h
|
44’
|
13,4
Km/h
|
Je mets mon casque intégral et me prépare pour le
« Run » final. La fin du
périple est dans un gros quart d’heure. J’ai la barre des 7h30’ en vue. C’est
faisable. Il me reste à battre mon record de vitesse. Et c’est ici que ca va se
passer.73Km/h à battre. J’ai un petit doute quant à la réalisation de
l’objectif, en effet un léger vent s’est levé, je l’aurai en face. Je me lance.
Allongé en avant le torse sur le guidon, la tête par-dessus la roue avant. Ca
file, ca file, de plus en plus vite. Je ne connais pas ma vitesse mais c’est très rapide. Par rapport aux
années précédentes, il y a beaucoup de monde dans la montée. Mais ma portion de
route est dégagée. Je descends comme une fusée. Les coureurs et leurs
accompagnateurs sont médusés, je vois du coin de l’œil les têtes qui me
regardent bouche bée. Je dois être pas loin de 70. Je suis à bloc. Sensation
extraordinaire de vitesse. Le vent siffle dans mon casque. J’espère que
personne le long de la route ne va sortir de la file, je ne pourrai pas
m’arrêter. Le « Run » ne
dure que quelques courtes minutes dans la réalité mais dans ma tête c’est
beaucoup plus long. L’esprit réagit plus vite et s’adapte à la vitesse. Le
temps ralentit dans ma tête. J’anticipe les moindres faits et gestes des
personnes au loin (anticiper : réflexe
de motard), que je croise prêts à freiner ou sortir de ma trajectoire.
Aucun défaut, je resterai ainsi, allongé sur ma potence jusqu’au bout. Je vois
le rond point final. Les gens retournés qui me regardent interloqués. Je me
relève, écrase les freins et « enquille »
le rond point pour profiter de la vitesse acquisse et remonter de l’autre coté.
Je regarde ma vitesse 64Km/h. Zut, saleté de vent… je croyais plus… Déçu.
..Mais pas par le ressenti de l’expérience. J’ai pris un grand pied. Voilà, il
me reste 3 Km que je finis tranquillement. Je rejoints mon copain, le chronomètre à quatre roues. On
se salut, « à l’année prochaine »
et je file vers l’arrivée. En slalomant dans les embouteillages de Millau je
croise Thierry dans sa voiture qui rentre chez lui. Grands signes de la main,
appels de phares et klaxons. Il a l’air d’aller mieux. En tout cas il a le
sourire. Je passe la ligne d’arrivée en 7h20.
Jean-Luc, Anne, Bernard et Nadine (sa
femme) m’attendent. Fabrice quant à
lui est allé profiter des mains magiques des kinés. Je n’ai pas le temps de
reprendre mes esprits que le premier coureur surgit en 7h21’. Nous allons attendre Gilles qui
finira en 8h45. Je n’y croyais pas. Je pensais qu’il craquerait et finirait à
l’agonie. Bernard est même parti le chercher, il s’inquiétait lui aussi. En
fait ce garçon est un malin et a géré sa course à l’économie. Grande
connaissance de soi. Bravo. Ce mec est un sage. Qualité nécessaire aux coureurs
de longues distances.
Quant à moi, je finis avant dernier de la troupe. Mais
ce n’est pas moi qui est ralenti, ce sont les autres qui sont allés plus vite
que d’habitude. Je garde donc le sourire. Je suis plutôt content. Je ne bats
pas mon record, mais je finis dans ma fourchette de temps habituelle et sans
avoir souffert ce qui est déjà une victoire sur ce genre d’épreuve. De plus la
bande était sympa, alors quel que soit le résultat, la journée fut excellente.
Distance
|
Vitesse Max
|
Roulage
|
Moyenne Roulage
|
Arrêts
|
Moyenne Globale
|
100
Km
|
64
Km/h
|
6h35
|
15,3
Km/h
|
45’
|
13,7
Km/h
|