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samedi 27 septembre 2008

100Km de Millau 2ème.


 Le « deal » était d’ouvrir la course et de rester en tête. Vu l’expérience de l’an dernier, c’était faisable, tout dépendait de notre état de fraîcheur après le marathon. La remontée de l’an dernier nous avait cassés.
Cette année nous sommes en tête. A nous à gérer le machin. Nous devrons rester en tête coûte que coûte. L’inconnue étant mon état physique puisque je n’ai aucun entraînement. Comment est-il possible de faire plus de 7h d’endurances sans entraînement ? On va voir si le mental est si fort que çà.
Nous partons donc en tête, Christian, Nicolas et moi accompagnés de Thierry notre assistance en vélo. Cet âne a voulu s’entraîner, il s’est blessé, bien fait pour lui.
Le départ est en fanfare, si, si c’est vrai ! Le défilé traverse Millau doucement au son de la Fanfare municipale, suivit des Trottinettes et derrière, la meute. Ligne de départ. Nous nous mettons une centaine de mètres devant et poum ! C’est parti. Léger faux plat descendant, nous partons à 18 km/h sans forcer, quand arrivant devant un passage à niveau, il se baisse en sonnant. Nous nous arrêtons en riant. Ils sont fort à l’organisation, négocier avec la SNCF pour avoir un second départ, c’est balèze non ? Une seule loco passe à fond, les barrières se ré-ouvrent, la meute est en train d’arriver, nous relançons et reprenons notre avance. Ouf !

La route est toute à nous, il fait beau, nous poussons tranquillement à 15-18 km/h. On discute, on regarde le paysage, c’est une belle ballade plus qu’une course. Thierry fait le point régulièrement pour calculer notre avance. Nous maintenons 5 à 10 minutes suivant les zones. Le passage difficile du semi avec une énorme côte courte mais raide se fait en poussant, je me lance, passe Nico et Christian, je suis en pleine forme et pousse comme un fou jusqu’au sommet. Ouf. Petite récup en les attendant. En bas les premiers coureurs arrivent (on est sur une hauteur). Hop, on repart vers Millau par une route vallonnée. Grandes descentes, petites côtes, tout est « poussable ». Au jeu des côtes, je passe en tête puis me fais « pourrir » par Christian et Nico dans les descentes. La différence de poids est flagrante. Je suis dans la catégorie lêger et je ne peux rien y faire. Ils me mettent, 10, 20, 30 mètres dans la vue très rapidement et grâce à l’inertie sont encore en position de recherche de vitesse sur le plat alors que moi j’ai déjà repris la poussée. Bou-ou que je suis triste. Christian prend même un bon 60 km/h dans ces portions ! Thierry a parfois du mal pour nous suivre à vélo. Il met du temps pour pouvoir revenir à notre niveau. Vers le trentième kilomètre, Nico subit sa première crampe. Il la gère doucement et en faisant attention, il repart tout doux. Elle n’évolue pas. Pour ma part, je suis super bien. Nous finissons le Marathon en 2h33’ en super forme. Pas de crampes en vue, pas très fatigué, la suite est de bonne augure. Vu mon entraînement des derniers mois, je ne comprends pas comment je suis dans cet état…. Christian est aux anges, lui qui en a chié la semaine précédente sur un semi, viens de boucler son premier marathon et qui plus est en forme !

Nous repartons vers Saint Affrique cette fois pour un aller-retour. Première côte, celle de Creisseil sous le Viaduc. On ne cherche pas à tenter quoi que ce soit et mettons pied à terre dès le début. 7% sur 1,2 km tout droit sous la chaleur (ça cogne aujourd’hui !). Mes premières crampes arrivent dans la côte. J’ai du mal à marcher. Je m’arrête un peu pour me réhydrater, prendre un gel, m’étirer et repart sans trop perdre de temps. Ce sera douloureux mais gérable jusqu’au sommet. Le chrono marque alors 3h. Cette fois c’est au tour de mes deux compères de m’attendre ils ont pu se reposer un peu. Le premier coureur passe alors devant nous. Quoi ? Déjà ? On ravitaille et on repart sur la longue descente vers St Georges. 50/55 km/h pendant 10 minutes avec la route toute à nous, un grand moment. Je suis accroupi sur la planche et profite des sensations de vitesse au ras du sol. Très grisant. Nous remontons la route monotone vers St Rome (en très léger faux plat montant) à 15 km/h de moyenne tranquillement. Arrêt aux ravitaillements, plein de bananes et pain d’épices. J’essaye un régime préconisé par Christian. Au ravitaillement du Coca et pendant la course sur la bécane de l’eau pure.

La côte de Tiergues. La célèbre et destructrice. Celle où la course bascule dans un sens comme dans l’autre (au retour). Nous mettons pied à terre et reprenons notre marche forcée. Mes crampes reviennent et re-belote je m’arrête, m’étire, bois, etc … je marche lentement, je n’arrive pas à maintenir un rythme de forçat, j’ai trop mal. Mes compères sont loin devant, ils disparaissent. Le premier coureur nous repasse. C’est quoi cet extra-terrestre ? J’ai toujours mes douleurs mais j’arrive à les gérer sans trop de problème. Une zone un peu moins pentue se profile après le virage en épingle. Je tente une poussée. Juste une pour voir. Pas de douleurs, j’avance plus vite. Une deuxième, toujours aucune réaction musculaire. Paradoxalement, j’ai moins mal en poussant qu’en marchant !! Je continu tout doucement à pousser et rattrape mes camarades petit à petit. J’arrive en même temps qu’eux au sommet. Mes crampes vont mieux. Chrono à 4h45’. Ouf. Ravitaillement et Gaz !! Plein pot vers St affrique pour 6 km de descente majestueuse. Pendant 10 grosses minutes nous allons descendre à 55/60 km/h au ras du sol (toujours accroupis pour moi). L’impression d’être sur une luge de vitesse, le sol qui défile sous les pieds à cette vitesse, la large route pour soi tout seul, les trajectoires sont choisit comme on veut, c’est sublime.

Arrêt ravitaillement à St Affrique. On refait le plein de banane, pain d’épices, eau. Je hurle « J’en ai marre, je rentre à Millau !!» sous les éclats de rire de tout le monde. Un verre de Coca et ça repart. Nous reprenons la côte de Tiergues en marchant doucement. Les crampes sont là mais ne dégénères pas. Nous passons devant le panneau publicitaire ou l’an dernier avec Thierry nous sommes restés longtemps à nous étirer tellement nous avions mal. Là on passe tranquille. Un motard de la gendarmerie (ils sont trois dédiés à la course) reste un moment avec moi. Nous discutons Trottinette et moto (en tant que BMiste, on a un sujet de discussion en commun). Thierry a du mal avec son vélo, lui aussi à des crampes. Plus habitué à monter cet engin bizarre (selle, pédales, beurk…) les muscles hurlent et se nouent. Christian et Nico sont devant et marchent bon train. Je suis à la traîne mais ça va. Le premier coureur nous repasse. Décidément, çà devient une habitude ! Je repère une portion où la côte devient légèrement moins pentue et je tente une poussée. Ca tiens. Une deuxième, ça tiens toujours. Je remonte lentement vers mes camarades, les doubles et reviens vers le premier coureur. Je le passe, puis m’arrête pour me reposer les muscles, étirements, ravito. Il me repasse, je le repasse et finalement à ce petit jeu j’arrive au sommet en poussant tranquillement sans être totalement détruit à l’arrivée. Avec l’avance que j’ai sur Thierry, Nico et Christian, je me ravitaille (à la bière !), m’éponge (il fait toujours très chaud) et me remet en forme pour la suite. L’an dernier j’ai monté cette côte en 1h10 dans un état lamentable, cette année 45’ en meilleur état.

La troupe réunit et requinquée, nous repartons. Dans nos têtes la course est terminée. C’était la vraie grosse dernière difficulté. La dernière côte sous le viaduc pourra être marchée s’il le faut, mais vu notre temps et notre état, rien ne peut nous arriver (sauf incident technique). Lors de la descente, nous croisons la meute des coureurs avec le meneur d’allure des 10h. Nous rattrapons le premier coureur qui … marche. Aïe, qu’est ce qu’il se passe ? Les kilomètres monotones en faux plat descendant cette fois ci se déroulent à 18km/h de moyenne tout doux. Nous sommes avec des cyclistes, nous accélérons par moment pour nous amuser, c’est paisible et on avance fort ! D’après nos calculs, le premier coureur ne peut plus nous rattraper, même si on marche toute la dernière côte. Nous apprenons d’ailleurs qu’il vient de craquer. Trop de crampes. C’est le second qui était 20’ derrière lui qui passe en tête. Nous sommes tranquilles. Dans nos têtes c’est déjà pari gagné. La dernière cote de Creissels pointe son nez. Il fait toujours très chaud. Pied à terre, je la marche jusqu’au bout, les crampes sont toujours là se déclenchant plus ou moins. J’en profite pour passer quelques coups de fil pendant ma marche. Le chrono est à 6h35’ pendant la montée. Mes compères sont devant et m’attendent au sommet. Ravitaillement, pipi et prêt pour la tentative de record de vitesse. Nous sommes devant la route à 7%, droite, dégagée, il n’y a plus qu’à se laisser glisser. Christian prend immédiatement la tête, suivi de Nico et de moi. Thierry ne pourra pas nous suivre avec son VTT. Nous serons trop rapide ….

Accroupis sur la planche, en équilibre sur la pointe des pieds, recroquevillé sur moi-même, je coince le cadre avec mes genoux pour plus de stabilité. Nico ne peux pas se mettre dans cette position (trop grand l’animal). Il opte pour la position plongeante avec le torse sur le guidon, mais pas trop quand même. Résultat, ma position aérodynamique compense ma différence de poids avec lui. Accentué par sa position pas très aérodynamique. Je suis donc dans sa roue pendant toute la descente. Je me décale légèrement de coté chaque fois qu’il bouge, me remet dans sa roue pour chercher l’aspiration. Imaginez la scène : Deux Trottinettes à plus de 70 km/h à deux mètres de distance l’un de l’autre, le second cherchant à doubler le premier. C’est très chaud….. Autant vous dite que coté sensations, c’est carrément de la F1 !!

Nous passons devant un panneau de limitation de vitesse à 70 (ou sont les radars ?) et en bas de la côte un gendarme nous fait des grands signes pour nous signifier de ralentir, nous arrivons trop vite !! ha, ha, ha !! Grand pied !!

En bas on dégaine les GPS des sacs. Christian pointe un 75 km/h, quand à moi, 72,4. Record battu !! Et en excès de vitesse (panneau 70) qui plus est, mais que fais la police ?

Après cet exploit, nous rentrons tranquillement vers Millau. Regroupement au kilomètre 99 et nous finissons le dernier kilomètre de front. L’an dernier je souffrais le martyr à cet endroit. Là, impeccable. Nous passons la ligne d’arrivée en 7h33’ tous les trois ensemble. Pari gagné !!

Le GPS annonce un temps de roulage 6h56, temps d’arrêts 45’. Moyenne globale 13,6 km ; maxi atteint 72,4 km/h (record perso à ce jour) distance 101 km, dénivelé cumulé positif 900m.