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Septembre. Cette année les Tbikers présents sont : Jeff, Thierry (l’incontournable), Christophe,
Jean-Charles le fils du précédent nommé (sur
le Marathon), Sébastien, Luc, Carole, Jean-Luc, Anne et votre serviteur.
L’invité
de dernière minute… la pluie et le froid.
J’utiliserai
cette année la Kickbike Racer qui a servit en Italie. Je l’équipe de deux
portes bidons, le GPS et ma montre sur le guidon, tous le reste est entièrement
d’origine. Pour elle se sera son premier Millau. Après la Millenium Racer, la
FB Track, c’est donc au tour de la Sport Max (dernière évolution de la Racer).
J’ai
pris le minimum d’équipement avec moi. Deux trois outils, chambre à air, c’est
tout. Je pars « light » (vraiment light serais sans rien du tout mais
bon, ma parano naturelle m’en empêche). J’ai avec moi à porté de main des
dosettes anti-crampes et anti hypoglycémie (principe
de précaution oblige).
Le Marathon
Nous partons 5mn avant le départ officiel afin de
garantir notre avance. Nous partons tous pour le 100 Km sauf Anne, Jean-Charles
et Sébastien qui ne feront que le Marathon. Ce dernier part comme un fou avec
Luc. Ils ont décidé tous les deux d’établir un temps de référence sur les deux
distances. La course poursuite est lancée.
Notre petite troupe s’ébranle et nous prenons nos
positions. Tout le monde prend son rythme. C’est chacun pour soit dans
l’ensemble, mais on se rejoint de toute manière lors d’un ravitaillement. On
roule deux par deux, ou par trois, inter
changeant les groupes, puis lorsqu’un se sent bien, il part tout seul, se fait
rejoindre, etc … Nous passons le Km10 en 33’. Temps identique à celui de l’an
dernier. Puis au gré des ravitaillements, je me retrouve seul en tête (je ne
compte pas les deux missiles loin devant). Une pluie fine et froide se met
à tomber. J’enfile son blouson. Entre la température (14°) et la pluie, j’ai du mal à me chauffer. Cuissard long,
manches longues, blouson, gants, je suis bien couvert et je ne sue pas. J’ai
des remontées de flotte le long de la jambe arrière, mes pieds sont trempés.
Pas agréable. Je passe le semi avec la fameuse petite côte en 1h10’. Je suis
bien. La pluie a cessée, la route est sèche. Le fond de l’air reste frais.
J’enlève mon blouson. A partir de maintenant je vois au loin de l’autre coté de
la rivière la file ininterrompue des coureurs. Je suis tout seul. En fait
j’adore cette ambiance de solitude. Que je dois devant ou derrière je m’en fou,
je suis là tout seul, je suis bien. Mais non je ne suis pas tout seul, je suis
avec moi ! La personne avec qui je m’entends le mieux !
« 5 minutes.
Les premiers sont 5 minutes derrières moi !! » C’est l’annonce
que je fais arrivant sur un ravitaillement. « Non, les premiers sont loin devant. On en a vu deux passer comme des
balles. On n’a jamais vu çà ! » Dexter et Luc ont marqués les
esprits apparemment.
Mes muscles font actes de présences, j’ai peur que les
crampes démarrent. Si tôt ? Je m’arrête régulièrement pour m’étirer. Aux
ravitaillements où je m’arrête pour m’alimenter (21 et 35Km), je prends du salé. J’inaugure une nouvelle version de
ravitaillement. Est-ce le froid ? J’ai la fringale. J’ai besoin de solide.
Petits sandwichs au jambon, paté, roquefort, bananes séchées, chocolats.
J’évite les sucres rapides. Il me faut du solide. Je suis rejoint par Carole,
Thierry, Jean-Luc puis plus tard
Christophe et Jean-Charles vers le 35ème kilomètre. Nous continuons
notre ballade tous ensemble en se calant sur le rythme de Jean-Charles (un petit 18Km/h) et finissons le marathon
en 2h30. Jean-Charles passe le premier. Victoire pour le gamin ! Il est
épuisé mais ne le montre pas. Un bon
quart d’heure pour se ravitailler, présenter les machines au micro (je suis rodé maintenant), nous
repartons frais et dispo vers St Affrique
tous ensemble. J’en ai aussi profité pour changer de tee-shirt afin de repartir un peu plus sec. Anne reste à
Millau, c’était son premier Marathon, ça suffit pour elle. Jeff est déjà à
l’agonie. Pas en forme du tout mais il décide de continuer quitte à arrêter en
cours de route. Quand à Sébastien il a bouclé son marathon en 1h44’ et est
reparti rejoindre son coureur en tant qu’accompagnateur. Il n’a jamais pu
rattraper Luc qui a finit sa première boucle en 1h30’.
L’aller vers St Affrique
Nous sommes en file Indienne jusqu’à la côte de
Creissel. Je la pousse un peu mais je n’insiste pas. Les douleurs musculaires
deviennent de plus en plus présentent. Je m’arrête et laisse passer tout le
monde. En tête Carole et Christophe poussent lentement mais surement, puis Thierry
et Jean-Luc qui alternent marche et poussée suivi de Jeff un peu plus en arrière qui fait de même. Je
les laisse tous s’éloigner. Les crampes arrivent. Je m’étire, me ravitaille,
prend un gel, bois. Finalement je parviens à me remettre à pousser sans qu’une
crampe ne se déclenche. Elles sont là justes au bord mais ne se décident pas à
me transpercer. Je parviens au sommet en 3h. La pluie est derrière nous. Le
ciel est maintenant très nuageux, mais aucuns ne sont menaçants. Le soleil
perce de temps en temps. On alterne douce chaleur à frisquet. Bref le temps
idéal pour de la très longue distance. Je rejoins le groupe (sans Carole qui est partie et qu’on ne
rattrapera plus) et nous nous lançons dans la descente vers St Georges.
Allongés sur le guidon, 60km/h de moyenne mais pas plus, un fort vent trois
quart face souffle. Il faut faire attention de bien maintenir la machine.
Situation tendue. Par contre la route est toute à nous, un régal. Toujours
groupés, nous entamons la longue route vers Tiergues. Faux plat montant
monotone. La route est déserte. On papote entre nous. Jeff est distancé, il est
loin derrière. C’est là qu’on croise Luc qui revient de St Affrique. On regarde
nos montres 3h45 de course et il lui reste dix bornes. Il est sur une base de
4h15. Gulp, on se regarde tous interloqués, on a du mal à y croire.
Mes muscles sont calmés. Je prends un rythme de 17-19
Km/h et reprend la tête du groupe. Je me détache lentement jusqu’au
prochain ravitaillement avant la célèbre côte de Tiergues. Et là, personne.
Quelques biscuits et chocolats sur une table, tout est désert autour. Mes
collègues arrivent. On a tous l’air hagard, les traits tirés. J’ai mal à mon
genou droit (ma tentinite récurrente).
Je m’avance en boitant vers la salle des fêtes du village qui se trouve
derrière, ouvre la porte et me retrouve dans une fourmilière de gens activés à
faire des centaines sandwichs, couper des tonnes d’oranges, préparer des
milliers de carrés de chocolats, des palettes de packs d’eau, ils sont une centaine
à se remuer dans tous les sens. « hum,
hum, y a quelqu’un pour le ravitaillement dehors ? » Arrêt.
Silence. Toutes les têtes se retournent vers moi. Un ange passe. « On est l’avant-garde. Les premiers coureurs
sont là dans ¼ d’heure ». Reprise de l’activité immédiate. On nous
sort de quoi nous sustenter, les sandwichs arrivent, la flotte surgit. Davaï,
davaï !! La meute arrive !!
J’attaque la côte de Tiergues avec une certaine
appréhension. Je suis avec Jean-Luc. Christophe et Thierry nous passent devant
et s’éloignent en poussant. Je pousse tant que je peux. Mes muscles répondent.
Chaque mètre de gagné est une victoire pour moi. Je passe le virage où l’an
dernier j’étais en pleur de douleur (cf
récit Millau 2009). Je passe donc ce virage en poussant. Na ! Bien
fait pour lui. Je me suis vengé de ce qu’il m’a fait subir l’an dernier. Je finis par m’arrêter, je n’insiste pas les
cuisses me font mal. Jean-Luc part rejoindre les deux compères. Moi tranquille,
je m’étire, puis repars en marchant. Toujours pas de crampes à l’horizon. Je
reste circonspect voire étonné. Mais, je ne vais quand même pas me plaindre. Je
reprends la poussée et rejoints mes camarades au sommet de la côte. 4h35’. Mon
meilleurs temps et ma meilleure forme à ce niveau. On ne s’arrête pas au ravito
et nous fonçons directement vers St Affrique. 10 petites minutes de bonheur
allongé sur la bécane à plus de 60 Km/h (68Km/h).
On se lance dans une course. Recherche
de vitesse, prise d’aspiration, dépassements, presque de la formule 1 !!
Je passe Thierry et Jean-Luc, Christophe bien plus lourd reste devant moi.
Profitant d’un ralentissement, je le double et mène la course jusqu’au moment
où après m’avoir pris l’aspiration, il me repasse avec quasi 10km/h d’écart.
Impressionnant la différence, une fusée !! Je le redoublerai sur un
freinage (je suis un fourbe) et nous
rentrons ensemble dans St Affrique pour un
arrêt ravitaillement bien mérité.4h45. Il me faut prendre des forces
pour la remontée. Mes jambes ont l’air correctes, mais je ne crie pas victoire.
D’autant que le premier est à 15’ derrière nous. Si je dois remonter en
marchant les 6Km, il peut me doubler comme l’an dernier.
Le retour
Après avoir fais le plein de pâté et autres roqueforts,
agrémenté de chocolat et bananes sèches, j’attaque le retour. Je marche la
première partie (1Km environ)
celle-ci n’étant pas « poussable ». Sauf pour mes trois
compères qui eux s’éloignent. En début de côtes les gendarmes rigolent « Alors vous faites moins les malins
maintenant !! ». Je me retrouve tout seul. Les muscles me font
mal mais pas de sensations de crampes. Je peux maintenir un 5,5 Km/h pendant un
bon moment. Je croise le premier coureur, puis le second. Un grand coucou à mes
potes de la voiture Chrono. A partir de maintenant, je croise la file des
premiers. J’ai du spectacle. On se fait des saluts, Ils m’encouragent !!
Paradoxal non ? Ils en bavent mille fois plus que moi et m’encouragent… Je
reprends la poussée et tiens un bon 12km/h jusqu’au sommet où m’attendent mes
camarades.5h35’ au chrono. La forme est au rendez vous. Pendant mon
ravitaillement je dois répondre aux caméras de France3. Interview surprise. Le
premier coureur passe. Mes compères sont repartis. Après avoir fais mon devoir
médiatique le ventre plein et bien reposé, je repars à bloc. Dans la descente
de Tiergues, je croise l’habituelle file des coureurs. Je suis au niveau de
ceux qui sont dans les 10h. Je descends assez vite car la file est bien
ordonnée en face. Je reprends la longue route monotone vers Creissel et profite
du faux plat descendant maintenant. Je me cale sur 20Km/h de croisière, le nez
dans le guidon comme on dit. Salut aux coureurs que je connais. On s’appelle,
on se souhaite bon courage. Mes trois compagnons sont sûrement loin devant
profitant eux aussi de cette belle route. Apparemment nous avons tous la forme
cette année. Quand je pense que j’aurai pratiquement poussé tout Tiergues dans
les deux sens et sans crampes…
Arrêt ravitaillement avant la dernière côte. Dans la
salle des fêtes, un monde fou. Le buffet est pris d’assaut, les tables de
massages sont toutes prisent. Les Masseurs Kiné et autres podologues
travaillent à bloc. Je suis anonyme dans la foule des coureurs, ça change de ne
pas répondre aux questions. Je suis fatigué mais le moral est bon. Je prends
une belle poignée d’abricots secs, de toasts au
roquefort, de bananes sèches, enfourne tout ça dans ma bouche. Je prends
mon temps pour m’étirer et au moment de repartir, Thierry et Jean-Luc
surgissent. En fait ils étaient derrière moi. Je les ai doublés dans la
descente de Tiergues, ils s’étaient arrêtés pour discuter avec Sébastien et
m’ont vu passer comme une flèche. Je repars. « Vous me rattraperez dans la côte, je vais la marcher un moment ».
Ils me rattrapent donc et nous montons ladite côte moitié
marchant, moitié poussant. Des cyclistes équipés de machines de luxes et plus
sponsorisés que les équipiers du pro-tour nous doublent nous lançant un truc
genre «ça sert à quoi d’avoir une petite
roue pour pas avancer ? » Thierry (vexé ?) les prend immédiatement en chasse. Il en a encore sous le pied l’animal. On est en pleine côte
quand même ! Il sprinte et les rattrape, puis à leur niveau leur lance
« A quoi ça sert d’avoir des
vitesses si c’est pour se trainer comme çà ? ». Ils accélèrent et
disparaissent. Vexés à leur tour. Au loin derrière nous le premier coureur
surgit. La voiture Chrono vient à mes cotés. Je
lance au conducteur et son co-pilote : « ha quand même, qu’est ce que vous foutiez ? » Rires de
leur part. « Mais tu marches bien
cette année dis donc !! ». En effet, j’ai ½ heure d’avance sur
mon record. On arrive au sommet tous les trois prêts à se lancer dans la
célèbre descente des records. Le viaduc au dessus de nous nous domine de toute
son impressionnante hauteur. On se sent tout petit. Thierry n’a pas envie de
s’arracher dans la descente, Jean-Luc non plus, ils descendront « normal » (un bon 60 quand même). Je me cale sur le guidon, coince le cadre
entre mes jambes et lâche les watts. Le vent file dans mes oreilles, ca va
vite, très vite. La bécane est stable, merci Mr Vierriko, vous avez conçu une
belle bête. Je croise les coureurs et cyclistes à toute allure. J’ai
l’impression d’être une fusée. Je calcule ma distance de freinage avant le rond
point final. J’ai intérêt à bien calculer, sinon, en voulant battre mon record
de vitesse, je battrai celui de plus-longue-distance-en
vol-plané-sans-toucher-le-sol-lancé-par-un-Kickbike… Top, c’est décidé. Je
me relève bien droit pour profiter du frein moteur que représente ma surface
face au vent, freine fort. Je regarde le GPS : 73,6 Km/h. Record
Battu !!
Le final sur Millau se fait tranquillement. Les
coureurs que je croise maintenant sont la plupart des marcheurs. Je pousse même
le dernier petit « coup-de-cul » Les crampes ne sont pas là. J’accélère même
sur le dernier kilomètre. Je regarde mon temps. Je vais essayer de rester sous
les 7h05’. J’entre dans le Parc de la victoire et lance un sprint pour le
final. Faut bien du spectacle pour le public non ? J’ai ai encore en
réserve. Lâchons tous, je dégaze. Je passe la ligne sous les acclamations de la
foule en délire (heu … en fait j’allais
tellement vite qu’ils ne se sont rendu compte de rien… mais si je ne flatte pas
mon égo, personne ne le fera alors j’en profite, hé, hé) en délire
disais-je, en 7h04’15’’ !!
Tous mes records (vitesse
pure et temps) sont battus. Grande journée !!
Luc finira la course en 4h10. Moi qui pensait que
passer la barre des 5h était impossible à atteindre, je reste sans voix,
puisque celle des 4h est franchissable… d’autant qu’il n’avait aucun
ravitaillement et qu’il s’est perdu dans St Affrique. Carole elle, casse les 6h
en 5h59’. Christophe termine en 6h30. Thierry et Jean-Luc juste après moi en
7h10 et Jeff en 7h50.