Translate

samedi 25 septembre 2010

100Km de Millau IV



25 Septembre. Cette année les Tbikers présents sont : Jeff, Thierry (l’incontournable), Christophe, Jean-Charles le fils du précédent nommé (sur le Marathon), Sébastien, Luc, Carole, Jean-Luc, Anne et votre serviteur.

L’invité de dernière minute… la pluie et le froid.

J’utiliserai cette année la Kickbike Racer qui a servit en Italie. Je l’équipe de deux portes bidons, le GPS et ma montre sur le guidon, tous le reste est entièrement d’origine. Pour elle se sera son premier Millau. Après la Millenium Racer, la FB Track, c’est donc au tour de la Sport Max (dernière évolution de la Racer).

J’ai pris le minimum d’équipement avec moi. Deux trois outils, chambre à air, c’est tout. Je pars « light » (vraiment light serais sans rien du tout mais bon, ma parano naturelle m’en empêche). J’ai avec moi à porté de main des dosettes anti-crampes et anti hypoglycémie (principe de précaution oblige).


Le Marathon

Nous partons 5mn avant le départ officiel afin de garantir notre avance. Nous partons tous pour le 100 Km sauf Anne, Jean-Charles et Sébastien qui ne feront que le Marathon. Ce dernier part comme un fou avec Luc. Ils ont décidé tous les deux d’établir un temps de référence sur les deux distances. La course poursuite est lancée.

Notre petite troupe s’ébranle et nous prenons nos positions. Tout le monde prend son rythme. C’est chacun pour soit dans l’ensemble, mais on se rejoint de toute manière lors d’un ravitaillement. On roule  deux par deux, ou par trois, inter changeant les groupes, puis lorsqu’un se sent bien, il part tout seul, se fait rejoindre, etc … Nous passons le Km10 en 33’. Temps identique à celui de l’an dernier. Puis au gré des ravitaillements, je me retrouve seul en tête  (je ne compte pas les deux missiles loin devant). Une pluie fine et froide se met à tomber. J’enfile son blouson. Entre la température (14°) et la pluie, j’ai du mal à me chauffer. Cuissard long, manches longues, blouson, gants, je suis bien couvert et je ne sue pas. J’ai des remontées de flotte le long de la jambe arrière, mes pieds sont trempés. Pas agréable. Je passe le semi avec la fameuse petite côte en 1h10’. Je suis bien. La pluie a cessée, la route est sèche. Le fond de l’air reste frais. J’enlève mon blouson. A partir de maintenant je vois au loin de l’autre coté de la rivière la file ininterrompue des coureurs. Je suis tout seul. En fait j’adore cette ambiance de solitude. Que je dois devant ou derrière je m’en fou, je suis là tout seul, je suis bien. Mais non je ne suis pas tout seul, je suis avec moi ! La personne avec qui je m’entends le mieux !

« 5 minutes. Les premiers sont 5 minutes derrières moi !! » C’est l’annonce que je fais arrivant sur un ravitaillement. « Non, les premiers sont loin devant. On en a vu deux passer comme des balles. On n’a jamais vu çà ! » Dexter et Luc ont marqués les esprits apparemment.

Mes muscles font actes de présences, j’ai peur que les crampes démarrent. Si tôt ? Je m’arrête régulièrement pour m’étirer. Aux ravitaillements où je m’arrête pour m’alimenter (21 et 35Km), je prends du salé. J’inaugure une nouvelle version de ravitaillement. Est-ce le froid ? J’ai la fringale. J’ai besoin de solide. Petits sandwichs au jambon, paté, roquefort, bananes séchées, chocolats. J’évite les sucres rapides. Il me faut du solide. Je suis rejoint par Carole, Thierry,  Jean-Luc puis plus tard Christophe et Jean-Charles vers le 35ème kilomètre. Nous continuons notre ballade tous ensemble en se calant sur le rythme de Jean-Charles (un petit 18Km/h) et finissons le marathon en 2h30. Jean-Charles passe le premier. Victoire pour le gamin ! Il est épuisé mais ne le montre pas.  Un bon quart d’heure pour se ravitailler, présenter les machines au micro (je suis rodé maintenant), nous repartons  frais et dispo vers St Affrique tous ensemble. J’en ai aussi profité pour changer de tee-shirt afin de  repartir un peu plus sec. Anne reste à Millau, c’était son premier Marathon, ça suffit pour elle. Jeff est déjà à l’agonie. Pas en forme du tout mais il décide de continuer quitte à arrêter en cours de route. Quand à Sébastien il a bouclé son marathon en 1h44’ et est reparti rejoindre son coureur en tant qu’accompagnateur. Il n’a jamais pu rattraper Luc qui a finit sa première boucle en 1h30’.


L’aller vers St Affrique

Nous sommes en file Indienne jusqu’à la côte de Creissel. Je la pousse un peu mais je n’insiste pas. Les douleurs musculaires deviennent de plus en plus présentent. Je m’arrête et laisse passer tout le monde. En tête Carole et Christophe poussent lentement mais surement, puis Thierry et Jean-Luc qui alternent marche et poussée suivi de Jeff  un peu plus en arrière qui fait de même. Je les laisse tous s’éloigner. Les crampes arrivent. Je m’étire, me ravitaille, prend un gel, bois. Finalement je parviens à me remettre à pousser sans qu’une crampe ne se déclenche. Elles sont là justes au bord mais ne se décident pas à me transpercer. Je parviens au sommet en 3h. La pluie est derrière nous. Le ciel est maintenant très nuageux, mais aucuns ne sont menaçants. Le soleil perce de temps en temps. On alterne douce chaleur à frisquet. Bref le temps idéal pour de la très longue distance. Je rejoins le groupe (sans Carole qui est partie et qu’on ne rattrapera plus) et nous nous lançons dans la descente vers St Georges. Allongés sur le guidon, 60km/h de moyenne mais pas plus, un fort vent trois quart face souffle. Il faut faire attention de bien maintenir la machine. Situation tendue. Par contre la route est toute à nous, un régal. Toujours groupés, nous entamons la longue route vers Tiergues. Faux plat montant monotone. La route est déserte. On papote entre nous. Jeff est distancé, il est loin derrière. C’est là qu’on croise Luc qui revient de St Affrique. On regarde nos montres 3h45 de course et il lui reste dix bornes. Il est sur une base de 4h15. Gulp, on se regarde tous interloqués, on a du mal à y croire.

Mes muscles sont calmés. Je prends un rythme de 17-19 Km/h et reprend  la tête du  groupe. Je me détache lentement jusqu’au prochain ravitaillement avant la célèbre côte de Tiergues. Et là, personne. Quelques biscuits et chocolats sur une table, tout est désert autour. Mes collègues arrivent. On a tous l’air hagard, les traits tirés. J’ai mal à mon genou droit (ma tentinite récurrente). Je m’avance en boitant vers la salle des fêtes du village qui se trouve derrière, ouvre la porte et me retrouve dans une fourmilière de gens activés à faire des centaines sandwichs, couper des tonnes d’oranges, préparer des milliers de carrés de chocolats, des palettes de packs d’eau, ils sont une centaine à se remuer dans tous les sens. « hum, hum, y a quelqu’un pour le ravitaillement dehors ? » Arrêt. Silence. Toutes les têtes se retournent vers moi. Un ange passe. « On est l’avant-garde. Les premiers coureurs sont là dans ¼ d’heure ». Reprise de l’activité immédiate. On nous sort de quoi nous sustenter, les sandwichs arrivent, la flotte surgit. Davaï, davaï !! La meute arrive !!

J’attaque la côte de Tiergues avec une certaine appréhension. Je suis avec Jean-Luc. Christophe et Thierry nous passent devant et s’éloignent en poussant. Je pousse tant que je peux. Mes muscles répondent. Chaque mètre de gagné est une victoire pour moi. Je passe le virage où l’an dernier j’étais en pleur de douleur (cf récit Millau 2009). Je passe donc ce virage en poussant. Na ! Bien fait pour lui. Je me suis vengé de ce qu’il m’a fait subir l’an dernier.  Je finis par m’arrêter, je n’insiste pas les cuisses me font mal. Jean-Luc part rejoindre les deux compères. Moi tranquille, je m’étire, puis repars en marchant. Toujours pas de crampes à l’horizon. Je reste circonspect voire étonné. Mais, je ne vais quand même pas me plaindre. Je reprends la poussée et rejoints mes camarades au sommet de la côte. 4h35’. Mon meilleurs temps et ma meilleure forme à ce niveau. On ne s’arrête pas au ravito et nous fonçons directement vers St Affrique. 10 petites minutes de bonheur allongé sur la bécane à plus de 60 Km/h (68Km/h). On se lance dans  une course. Recherche de vitesse, prise d’aspiration, dépassements, presque de la formule 1 !! Je passe Thierry et Jean-Luc, Christophe bien plus lourd reste devant moi. Profitant d’un ralentissement, je le double et mène la course jusqu’au moment où après m’avoir pris l’aspiration, il me repasse avec quasi 10km/h d’écart. Impressionnant la différence, une fusée !! Je le redoublerai sur un freinage (je suis un fourbe) et nous rentrons ensemble dans St Affrique pour un  arrêt ravitaillement bien mérité.4h45. Il me faut prendre des forces pour la remontée. Mes jambes ont l’air correctes, mais je ne crie pas victoire. D’autant que le premier est à 15’ derrière nous. Si je dois remonter en marchant les 6Km, il peut me doubler comme l’an dernier.


Le retour

Après avoir fais le plein de pâté et autres roqueforts, agrémenté de chocolat et bananes sèches, j’attaque le retour. Je marche la première partie (1Km environ) celle-ci  n’étant pas « poussable ». Sauf pour mes trois compères qui eux s’éloignent. En début de côtes les gendarmes rigolent « Alors vous faites moins les malins maintenant !! ». Je me retrouve tout seul. Les muscles me font mal mais pas de sensations de crampes. Je peux maintenir un 5,5 Km/h pendant un bon moment. Je croise le premier coureur, puis le second. Un grand coucou à mes potes de la voiture Chrono. A partir de maintenant, je croise la file des premiers. J’ai du spectacle. On se fait des saluts, Ils m’encouragent !! Paradoxal non ? Ils en bavent mille fois plus que moi et m’encouragent… Je reprends la poussée et tiens un bon 12km/h jusqu’au sommet où m’attendent mes camarades.5h35’ au chrono. La forme est au rendez vous. Pendant mon ravitaillement je dois répondre aux caméras de France3. Interview surprise. Le premier coureur passe. Mes compères sont repartis. Après avoir fais mon devoir médiatique le ventre plein et bien reposé, je repars à bloc. Dans la descente de Tiergues, je croise l’habituelle file des coureurs. Je suis au niveau de ceux qui sont dans les 10h. Je descends assez vite car la file est bien ordonnée en face. Je reprends la longue route monotone vers Creissel et profite du faux plat descendant maintenant. Je me cale sur 20Km/h de croisière, le nez dans le guidon comme on dit. Salut aux coureurs que je connais. On s’appelle, on se souhaite bon courage. Mes trois compagnons sont sûrement loin devant profitant eux aussi de cette belle route. Apparemment nous avons tous la forme cette année. Quand je pense que j’aurai pratiquement poussé tout Tiergues dans les deux sens et sans crampes…

Arrêt ravitaillement avant la dernière côte. Dans la salle des fêtes, un monde fou. Le buffet est pris d’assaut, les tables de massages sont toutes prisent. Les Masseurs Kiné et autres podologues travaillent à bloc. Je suis anonyme dans la foule des coureurs, ça change de ne pas répondre aux questions. Je suis fatigué mais le moral est bon. Je prends une belle poignée d’abricots secs, de toasts au  roquefort, de bananes sèches, enfourne tout ça dans ma bouche. Je prends mon temps pour m’étirer et au moment de repartir, Thierry et Jean-Luc surgissent. En fait ils étaient derrière moi. Je les ai doublés dans la descente de Tiergues, ils s’étaient arrêtés pour discuter avec Sébastien et m’ont vu passer comme une flèche. Je repars. « Vous me rattraperez dans la côte, je vais la marcher un moment ».

Ils me rattrapent donc et nous montons ladite côte moitié marchant, moitié poussant. Des cyclistes équipés de machines de luxes et plus sponsorisés que les équipiers du pro-tour nous doublent nous lançant un truc genre «ça sert à quoi d’avoir une petite roue pour pas avancer ? » Thierry (vexé ?) les prend immédiatement en chasse. Il en a encore  sous le pied l’animal. On est en pleine côte quand même ! Il sprinte et les rattrape, puis à leur niveau leur lance « A quoi ça sert d’avoir des vitesses si c’est pour se trainer comme çà ? ». Ils accélèrent et disparaissent. Vexés à leur tour. Au loin derrière nous le premier coureur surgit. La voiture Chrono vient à mes cotés. Je  lance au conducteur et son co-pilote : « ha quand même, qu’est ce que vous foutiez ? » Rires de leur part. « Mais tu marches bien cette année dis donc !! ». En effet, j’ai ½ heure d’avance sur mon record. On arrive au sommet tous les trois prêts à se lancer dans la célèbre descente des records. Le viaduc au dessus de nous nous domine de toute son impressionnante hauteur. On se sent tout petit. Thierry n’a pas envie de s’arracher dans la descente, Jean-Luc non plus, ils descendront « normal » (un bon 60 quand même). Je me cale sur le guidon, coince le cadre entre mes jambes et lâche les watts. Le vent file dans mes oreilles, ca va vite, très vite. La bécane est stable, merci Mr Vierriko, vous avez conçu une belle bête. Je croise les coureurs et cyclistes à toute allure. J’ai l’impression d’être une fusée. Je calcule ma distance de freinage avant le rond point final. J’ai intérêt à bien calculer, sinon, en voulant battre mon record de vitesse, je battrai celui de plus-longue-distance-en vol-plané-sans-toucher-le-sol-lancé-par-un-Kickbike… Top, c’est décidé. Je me relève bien droit pour profiter du frein moteur que représente ma surface face au vent, freine fort. Je regarde le GPS : 73,6 Km/h. Record Battu !!

Le final sur Millau se fait tranquillement. Les coureurs que je croise maintenant sont la plupart des marcheurs. Je pousse même le dernier petit « coup-de-cul »  Les crampes ne sont pas là. J’accélère même sur le dernier kilomètre. Je regarde mon temps. Je vais essayer de rester sous les 7h05’. J’entre dans le Parc de la victoire et lance un sprint pour le final. Faut bien du spectacle pour le public non ? J’ai ai encore en réserve. Lâchons tous, je dégaze. Je passe la ligne sous les acclamations de la foule en délire (heu … en fait j’allais tellement vite qu’ils ne se sont rendu compte de rien… mais si je ne flatte pas mon égo, personne ne le fera alors j’en profite, hé, hé) en délire disais-je, en 7h04’15’’ !!

Tous mes records (vitesse pure et temps) sont battus. Grande journée !!


Luc finira la course en 4h10. Moi qui pensait que passer la barre des 5h était impossible à atteindre, je reste sans voix, puisque celle des 4h est franchissable… d’autant qu’il n’avait aucun ravitaillement et qu’il s’est perdu dans St Affrique. Carole elle, casse les 6h en 5h59’. Christophe termine en 6h30. Thierry et Jean-Luc juste après moi en 7h10 et Jeff en 7h50.